Les trois fondamentaux de la sexualité.
De quoi parle-t-on lorsque l’on énonce la sexualité ? La sexualité définit l’ensemble des comportements et mécanismes physiologiques qui participent à la reproduction des espèces. Par extension, chez l’être humain, ce terme regroupe les pratiques et inclinations qui concourent au plaisir charnel (définition du dictionnaire français).
Il n’y aurait de fondamentaux sans harmonie du Tout : le corps, le cœur et l’esprit, que ce soit pour un temps ou une vie. Aussi je vais parler de 3 points qui me paraissent essentiels à cette lumière : le sens du rythme, l’esprit tordu et la connaissance de soi.
- Le sens du rythme.
Le rythme est un paramètre important à différents niveaux.
Au sens littéral : dans la sexualité, être capable de changer de rythme, de l’immobilité contemplative possible dans le tantra blanc (sans contacts) aux fièvres ardentes effrénées (endurance et cardio !). Autant de possibilités dans le même temps de rencontre que dans différents moments. La variation de rythme permet aussi de garder du mystère. Pour ne pas reproduire toujours les mêmes actes, les mêmes enchaînements, la même partition. La lassitude créée par le manque de variation de rythme mène au désenchantement, à la rupture ou à l’arrêt de l’intimité.
Au sens symbolique : nous n’avons pas UNE sexualité mais DES sexualités, tout au long de notre vie. Des rythmes qui fluctuent non pas comme les saisons, mais en fonction des expériences de vie, comme les maladies, les passions amoureuses, le burn out, le deuil, le stress, l’âge, la créativité, les rencontres… autant de variables qui amènent notre sexualité à se modifier, à changer de rythme, et pas comme il est coutume de penser, en courbe descendante, mais bien en sinusoïdale, ou en montagne russe si vous préférez. Accepter que l’activité soit fluctuante, c’est se permettre de vivre sereinement les différents rythmes.
- L’esprit tordu.
Difficile de parler de santé sexuelle sans y mettre de l’humour, tant le sujet est sérieux et entraîne des conséquences sur la santé physique et mentale, et inversement (recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé). L’esprit tordu revient à parler de créativité et de courage. Sortir du schéma des 4 phases de l’activité sexuelle décrites merveilleusement par Masters et Johnson dans les années 60 : Excitation-Plateau/plaisir- Orgasme-Résolution. C’était les années 60. Aujourd’hui, la morale nous permet aussi de sortir d’un schéma d’activité sexuelle, parce que plus souple sur le poids de la religion et du politique dans les chambres à coucher et parce que plus d’informations sont facilement disponibles avec le net.
De la créativité puisqu’il s’agit donc de sortir d’un schéma qui facilitait les codes relationnels intimes. Cela revient à cuisiner d’autres plats en dehors de celui que l’on préfère, mais qui finit par perdre toutes saveurs au fil des jours.
C’est un grain de folie, d’audace et en cela c’est un acte courageux. S’autoriser à sortir de la voie orthodoxe, du chemin catholique, bref, de ce qui convient de faire, de penser et d’être selon les normes en vigueur. Regarder ce que nous soufflent les pensées, les fantasmes et ce qui nous conviendrait de pratiquer…sans passer pour un tordu, un malade ou un pervers ! Dans la créativité se loge parallèlement pour chacun une ombre, celle d’être pathologique. Du moins, les non pathologiques se demanderont sans cesse s’ils ne le sont pas, tandis que les autres n’auront aucune conscience de leur(s) pathologie(s). Cela devient risqué le sexe non ? Nos sexualités demeurent le miroir de notre être.
- La connaissance de soi
Comme gravé dans le marbre du temple d’Apollon à Delphes (Grèce) « Connais-toi toi-même , et tu connaitras l’Univers et les Dieux ». L’Homme est amené à évoluer tout au long de sa vie, chaque expérience lui permettant de grandir en compréhension. Enfin ça c’est sur le papier, parce qu’en réalité, faire des expériences de vie, un apprentissage de soi et de son évolution, ne sont pas chose naturelle. Mieux se connaitre pour mieux appréhender le monde et vivre avec les autres, demande des efforts, de l’attention, qui peuvent être favorisés par un accompagnement thérapeutique.
En sexualité, se connaitre passe par connaitre son corps, les plaisirs des zones érogènes primaires puis avec l’âge, secondaires, ses limites morales et psychologiques. Un ensemble de croyances qui façonnent notre psyché, qui nous limite et nous protège. Une connaissance de soi qui permet d’étendre son esprit tordu sans crainte de basculer dans le non-retour du pathologique. D’être créatif avec respect de soi et de l’autre sans céder à la réification de soi et/ou de l’autre à jamais coupé de nos émotions. Cela non plus n’est pas naturel, inné, et peut être accompagné. La peur de basculer dans un univers sombre potentiellement tout en guérissant nos traumatismes vécus de-ci de-là peut être réduite par la connaissance de ses zones d’ombres, pour ainsi jouer de celles-ci sans en être le jouet.
Pour résumer, la connaissance de soi permet de se sentir en sécurité, avec soi-même et avec l’autre. Connaitre ses limites à respecter et à faire respecter, sans en faire une histoire personnelle (un des accords toltèques, outils favorisant le développement personnel). Pouvoir ainsi explorer et s’explorer en toute confiance, dans des espaces charnels connus et inconnus. Lorsque l’on sait ce que l’on aime, nul besoin de l’abandonner et sortir de sa zone de confort à tout prix. Les acquis de plaisir peuvent servir de socle, de tremplin, de trampoline à d’autres.
Pour conclure, ces trois fondamentaux rassemblent le corps, par la reconnaissance et l’acceptation des rythmes qui nous animent ; le cœur, par la connaissance de soi qui permet la sécurité et l’ouverture à soi et à l’autre tant dans les sentiments que dans les ressentis ; et l’esprit, par la créativité, la curiosité et la résilience. Il n’y a pas de recette miracle pour une sexualité épanouie, mais des ingrédients à cuisiner à volonté. Un buffet qui n’a que le coût de la réflexion avisée.
Sandie Boulanger
Février 2023