Notions de sexisme en 2023.
« Si les femmes gouvernaient le monde, il n’y aurait plus de guerres », est-il courant d’entendre depuis quelques décennies. Pourquoi ? Parce ce qu’elles sont pacifiques ? Douces ? Compréhensives ?...
Voici une illustration de sexisme bienveillant, qui repose sur une ou des caractéristiques de genre, pensant valoriser un sujet.
Et pourtant pour gouverner, il est nécessaire d’avoir une certaine appétence pour le pouvoir, le leadership. Et le pouvoir passe par de nombreux chemins dont le genre n’a rien à voir avec ces choix. Pourtant, l’histoire que le contexte social fait de l’histoire, n’est tendre ni du côté des hommes, ni du côté des femmes. Seuls les chemins divergent. La force face la ruse. L’intelligence face à la séduction, la testostérone face aux œstrogènes…
Nous avons en nous toutes les facettes de l’humanité. Seul l’éclairage personnel de celles-ci diffère d’un individu à l’autre, indépendamment de son genre. Les normes sociales viennent simplement orienter ces passages à l’actes, ces choix. C’est l’histoire du sexisme ordinaire. Et à ce jeu, il n’y a plus de gagnant. Blaguer, ridiculiser, humilier ou réduire une personne sur des critères basés sur son genre ne fait plus cohésion, ni ne sert de messager efficient.
Des hommes compétents, insensibles, violents, hypersexués et incontrôlables d’un côté. Des femmes fragiles, futiles, hystériques, compréhensives, maternelles et dévouées de l’autre. Les hommes sont des loups, les femmes des pintades, et tous se battent avec leurs armes, bec ou griffes. La comptine des genres se meure.
Mais lorsque l’on parle de genre, de quoi parle-t-on ?
L’identité de genre, c’est la manière de ressentir intimement le fait d’être une femme, un homme, les deux ou ni l’un ni l’autre. Elle peut correspondre au sexe assigné à la naissance (on dit être cisgenre) ou pas (on parle de transidentité) et le sexe biologique (organes génitaux, hormones, chromosomes, gènes et attributs physiques). L’identité se construit également avec la prise en compte de la sexualité (fantasmes, pratiques sexuelles et orientations).
Dans les réflexions d’égalité de genre, il n’est plus question qu’un genre dévore un autre, mais bien qu’une troisième voie se dessine. L’égalité ne signifie pas être identiques mais vivre en équilibre (equal en anglais), une relation non plus verticale mais horizontale.
Le sexisme ne sera plus de ce monde parce que ce dernier change et évolue. Ni en mieux ou en pire, mais en nouveau. C’est la troisième voie, celle qui nous sort du manichéen bien ou mal. Nous construisons un monde de ET, et non plus de OU. L’établissement de nouveaux codes sociaux par une majorité n’est plus seulement représentée par des citoyens de Grèce antique (pardon, j’exagère un peu), mais par toutes les strates de la société de tous âges. Le train est en partance. A chacun de décider s’il ou elle reste en gare à râler ou si on monte dans un wagon de la vie.
Pourquoi ce changement maintenant ? Parce que les femmes et les hommes d’aujourd’hui ne se retrouvent majoritairement plus dans les codes. Trop de perfectionnisme, de violence, de charges mentales. Les hommes en pleurent et les femmes n’en décolèrent plus.
Malgré cette volonté de changement, cela reste complexe à retrouver une harmonie des sexes. Ce qui se faisait et était banal hier, n’est plus approprié aujourd’hui et peut même être puni par la loi. Le sexisme, un terme qui accuse, soulage et mais trouble aussi. On peut avoir la sensation de tous marcher sur des œufs. Aussi est il bon de distinguer différents grades de sexisme.
Le sexisme de premier grade se porte sur les remarques à caractère sexuelle, sur la particularité genrée d’une personne. Souvent dites sous couvert de blagues, pour créer du lien en groupe, faire rire au détriment d’une personne. Mais ce n’est pas rien. Cela peut être blessant, dévalorisant, humiliant et réducteur, même si la cible en rit de bon cœur (« Je suis vraiment une blonde, j’ai oublié de… », « Mes gros muscles sont appelés à la rescousse pour gérer ce conflit avec… », j’imagine que vous avez au moins deux exemples en tête). Une seule remarque formulée en groupe peut être vécue comme du harcèlement et peut être punie par le code du travail depuis 2021.
Le sexisme de second grade regroupe les agissements sexuels, qui consiste à faire pression de façon physique ou morale, sur une personne pour obtenir des rapports sexuels. Ils sont punis par la loi.
Le troisième grade regroupe les violences sexuelles. C’est le fait d’avoir des rapports sexuels par la force ou la surprise. Elles sont condamnables par la loi.
C’est au niveau du premier grade, les remarques sexistes, que notre société nécessite une sensibilisation en milieu professionnel. Et comme nous savons que nos vies professionnelles et personnelles possèdent une mince frontière (finie la croyance que la vie perso attend sagement à la porte du pro !), les préventions sur le sexisme et les violences sexuelles vont être bénéfiques dans toutes les sphères.
Pour ne plus banaliser ou minimiser, chacun à un rôle à jouer, parce que clairement, personne ne souhaite être taxé d’harceleuse ou d’harceleur ! Décider d’arrêter de se taire ou de rire jaune avec le groupe pour ne pas en être exclu.e n’est pas si aisé, mais nécessaire.
La formation en entreprise et en institution est cruciale, même obligatoire, tant sur l’élaboration de codes sociaux que sur la gestion de signalement et d’accompagnement des déclarant.es (victimes) que des déclaré.es (présumé.e harceleuse/harceleur). Créer un nouveau collectif et accompagner les actes pour les réduire…à néant prochainement.
Stop à la banalisation de la violence genrée et à la dégustation de soupe au lait.
Sandie Boulanger- Formatrice en sexisme HKIND certifié Qualiopi
Février 2023